premiere
Quelques explications /
Lamartine, Méditations poétiques (1820) Le Lac
[…] Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadenceTes flots harmonieux.Tout à coup des accents inconnus à la terreDu rivage charmé frappèrent les échos ;Le flot fut attentif, et la voix qui m’est chère Laissa tomber ces mots :« Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !Suspendez votre cours :Laissez-nous savourer les rapides délicesDes plus beaux de nos jours !« Assez de malheureux ici-bas vous implorent,Coulez, coulez pour eux ;Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ;Oubliez les heureux.« Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m’échappe et fuit ;Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l’auroreVa dissiper la nuit.« Aimons donc, aimons donc ! de l’heure fugitive,Hâtons-nous, jouissons !L’homme n’a point de port, le temps n’a point de rive ;Il coule, et nous passons ! »Temps jaloux, se peut-il que ces moments d’ivresse,Où l’amour à longs flots nous verse le bonheur, S’envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ?Eh quoi ! n’en pourrons-nous fixer au moins la trace ?Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ?Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,Ne nous les rendra plus ! […]
Alphonse Lamartine, Méditations poétiques, 1820.
Paru en 1820, le recueil Les Méditations poétiques se composent de 24 poèmes. Ce recueil constitue la première manifestation du romantisme français. Le succès en fut immédiat. Par sa forme, il est classique car il se rattache à toute la tradition de la poésie lyrique élégiaque, cependant il est novateur par la sensibilité personnelle du poète, dont l’âme est en communion avec la nature.
Contexte :
Le plus célèbre des poèmes des Méditations poétiques, « Le Lac » fut inspiré à Lamartine par la liaison amoureuse qu’il eut