Professeur sans ecole
L’Epoque a produit une génération nouvelle, souvent détachée de toute tradition et affranchie des enseignements directs donnés par un quotidien fait de peine, de travail lourd, de pauvreté et de vie difficile pour quasiment tout le monde. En ce temps-là, l’Ecole était un centre fort, un lieu de formation, un lieu de promotion et d’espoir .
Aujourd’hui, et cela depuis quinze ans environ, on peut constater que le luxe est accessible à tous-ou presque-, que l’arrogance est une manière d’être qui croît avec lui, et que l’antigravitation est devenue le cadre naturel de la vie des jeunes générations. Nous appelons par ce terme- employé par quelques psychologues et philosophes-, le fait que l’abondance des biens, des plaisirs et des jeux, virtuels ou non, occupent une telle place dans les esprits qu’il n’en reste plus guère pour appréhender la réalité dans sa diversité, la confronter pour la dominer et peu à peu, construire sa vie dans uns conscience qui était autrefois souvent apportée par « la meilleure des Mères, l’Adversité. » ( H . de Balzac, Ursule Mirouet) A cela, s’ajoute ou se superpose, un changement complet d’espace, « ce en quoi, nous avons la vie, le mouvement, et l’être. » L’air que nous respirons, c’est-à-dire l’ensemble des perceptions de notre cerveau, a été envahi par une flottaison d’immigrants mécaniques et électroniques, qui, sous forme d’ordinateurs, de portables, de jeux électroniques et de baladeurs en tous genres- et il en surgit chaque jour de nouveaux-, nous ont habitués à vivre avec une multitude de prothèses : c’est une des caractéristiques de la modernité que de populariser la compétence dans la construction et l’utilisation des machines.
Les deux événements mentionnés doivent maintenant être mis en relation avec un troisième fait majeur : ni la société, ni l’école n’ont eu le temps d’anticiper, de réfléchir, ni d’introduire des stratégies nouvelles adaptées aux conditions nouvelles d’ un homo sapiens