proust, un grand homme
Né à Auteuil, à l'époque « village » de la banlieue ouest de Paris, le 10 Juillet 1871, fils d'Hadrien Proust, agrégé de médecine, épidémiologiste, et d'une mère fortunée, Jeanne Weil, il connaît une jeunesse insouciante dans le cocon familial. Son frère unique, Robert, naît deux ans plus tard. Mais à 9 ans, lors d'une promenade dominicale au bois (de Boulogne), Marcel est victime d'une première crise, soudaine et gravissime, « inaugurale » comme disent les médecins, d'asthme. Son père, présent, assiste, impuissant, aux terribles et épuisants efforts de son fils pour chercher de l'air et craint le pire. La crise finit heureusement par céder, mais l'asthme chronique s'installe; les soins de l'époque se révèlent peu efficaces; sont recommandées en particulier les « fumi-gations » auxquelles Proust se livrera dorénavant tous les jours de sa vie avec rigueur et méthode, presque cérémonieusement, parfois tout le jour. Il écrit ainsi à André Gide, lui déconseillant de venir lui rendre visite : »Je fais sans cesse des fumigations qui m'aident à respirer, mais en empêcheraient les autres. Et comme le temps est très lourd, même si je laisse la porte ouverte, la fumée ne s'échappe pas; vous ne verriez pas clair, vous suffoqueriez. » Choyé et protégé par une grand-mère et une mère débordantes d'affection et d'anxiété, Marcel grandit, chétif et fragile, dans un environnement psychologique et familial particuliers.
Sa grande sensibilité naturelle va s'en trouver encore accrue. Après des études au lycée Condorcet (1882-1889), il se porte volontaire pour faire son service militaire à Orléans (1890), durant lequel il passe quelques jours à Cabourg. Il y fera un plus long séjour l'année suivante, en 1891. En 1892, il fréquente la faculté de droit et l'école des sciences politiques. Diplômé en 1895, son père le destine à la carrière diplomatique. Mais ses talents littéraires, déjà reconnus au lycée par ses