Question du corpus.
Le théâtre définit en général le lieu où le texte prend vie grâce au jeu des acteurs gérés par un metteur en scène. Le corpus de textes présente ici quatre extraits appartenant au genre théâtral, sous forme de mise en abyme : nous assistons à une pièce dans la pièce. Ils évoquent tous le rôle de l'acteur, de son jeu, de son implication dans le sujet de la pièce. Quelle question essentielle ces textes posent-ils sur le jeu des acteurs?
Dans un premier temps ces extraits présentent les libertés et les contraintes pour l’acteur. De fait, les acteurs ont souvent le choix de s’identifier aux personnages ou non. Le personnage de Genest dans la pièce de Rotrou traduit cette ambigüité dans l'identité : "D'effet comme de nom, je me trouve être un autre". Dans son cas, une identification à Adrien remettrait en cause ses valeurs: en effet, il incarne un personnage chrétien alors qu’il est païen. Il semble alors douter de ses convictions religieuses à force de se mettre dans la peau de ce personnage: "[Je] prends avec son nom, des sentiments chrétiens". Cependant, il veut garder une certaine distance avec son personnage mais le fait d’incarner ce dernier bouleverse ses opinions. Genest semble conscient de cette mutation qui s'opère et se remémore qu'il ne lui faut pas devenir le personnage: "Il s'agit d'imiter, et non de devenir" (l.30). En ce qui concerne Kean, le personnage de Jean-Paul Sartre, ce dernier amène la confusion entre l’acteur et le personnage. Le lecteur ne sait pas qui il doit admirer, car la jalousie de Kean lors de la représentation est passée au dessus de son jeu d’acteur. Kean met le doute sur l’exactitude de son personnage à la ligne 17/18 « mais qui applaudissez-vous ?(..) Othello ? Impossible », cependant il remet en cause, également, sa propre existence « il n’y a personne en scène. Personne Ou peut-être un acteur en train de jouer Kean dans le rôle d’Othello » ou bien « je n’existe pas vraiment, je fais semblant » (l.39/40).