Racine
(1677)
Tragédie en cinq actes et en vers
Analyse
Intérêt de l’action
Racine est fidèle aux sources :
- “Hippolyte couronné” d’Euripide dont le texte nous est parvenu et qui avait été précédé d'un “Hippolyte voilé”, également d'Euripide, mais perdu. Racine a, comme il le dit, «suivi une route un peu différente [...] pour la conduite de l'action» et a imité quelques scènes.
- “Phèdre” de Sénèque, elle-même imitée d'Euripide : il lui a emprunté en particulier l'aveu de Phèdre à Hippolyte .
Plusieurs auteurs avaient, au XVIe et au XVIIe siècle, traité le même sujet. Ce que Racine leur doit reste très fragmentaire : Robert Garnier dans son “Hippolyte” (1573) et La Pinelière dans sa tragédie du même nom (1635) avaient suivi Sénèque de trop près pour que Racine cherche chez eux ce qu'il pouvait trouver chez le tragique latin ; quant à Gabriel Gilbert et à Bidar, dont les tragédies avaient été jouées en 1647 et en 1675, ils avaient fait l'un et l'autre de Phèdre la fiancée de Thésée, non plus son épouse, dénaturant ainsi l'essentiel du drame. Pradon, sans doute par souci des bienséances, les imita sur ce point.
Que Racine ait donné pour titre à son œuvre “Phèdre et Hippolyte” d'abord, puis tout simplement “Phèdre” suffirait à montrer que sa manière de traiter le sujet antique était fort éloignée de celle de ses prédécesseurs. En fait, sa tragédie est d'une originalité évidente par bien d'autres aspects.
Racine avait découvert chez les tragiques grecs un monde de cruauté, et son imagination s’était peuplée de plus en plus de héros, et surtout d'héroïnes, condamnés par les dieux à chercher désespérément une innocence perdue, à vivre dans le mal et à en mourir : Roxane, Ériphile, Phèdre. Il retrouvait la grandeur tragique par la réintroduction de la notion de fatalité, ressort essentiel de la tragédie grecque. La passion est, dans “Phèdre”, tout à la fois voulue par le Destin et porteuse de mort. Car les auteurs de cette ruine sont les dieux,