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par Margaret DAVIES
Nous sommes tous d'accord que l'œuvre d'Apollinaire porte des traces de son commerce avec les artistes-peintres. Si je me suis donné pour sujet la peinture et l'image poétique, c'est que j'ai voulu serrer de près le problème d'une influence possible, en analysant les différents niveaux où elle a pu jouer à diverses périodes. Cette influence, si influence il y a, a-t-elle été, somme toute, assez superficielle, ou bien a-t-elle agi sur des couches plus profondes de son imagination ? Est-ce que les tableaux de ses amis peintres lui ont simplement fourni des sujets ou est-ce qu'ils l'ont inspiré pour la création de nouvelles formes poétiques ?
Pourquoi l'image comme point de mire ? D'abord pour la raison fondamentale que puisque c'est dans le choix de ses images qu'un poète révèle le plus clairement la spécificité irréductible de son imagination, une étude de la nature et de l'emploi de l'image fournirait un indice très sûr de l'importance et de la profondeur de pénétration d'une influence. Ensuite il est généralement reconnu qu'une des caractéristiques les plus frappantes de l'évolution de la poésie moderne a été la primauté donnée à l'image, une nouvelle façon d'envisager son rôle dans la structuration d'un poème. Si, comme je le crois et comme j'espère bien le démontrer, Apollinaire a contribué de façon décisive à cette nouvelle définition de l'image, il importerait de savoir s'il y a une corrélation entre cette évolution de l'image chez Apollinaire, et une influence venant de la peinture.
Evidemment c'est un projet d'assez grande envergure. Ici, tout ce que je propose de faire, c'est d'étudier certains exemples de l'emploi de l'image provenant de diverses périodes, en tenant compte de trois niveaux possibles où une influence de la peinture a pu se faire ressentir. D'abord, le niveau anecdotique, c'est-à-dire comme point de départ, le
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grain de sable qui irrite l'imagination du poète et autour