Primo Lévi a écrit ce poème le 10 janvier 1946. Durant cette année, il a écrit différents poèmes d’une extrême violence de ton.

Le titre initial de ce poème est Shema qui provient d’une prière du Deutéronome très pratiquée par les juifs.(ch. 6 verset 4-10).
Il paraît étrange que Lévi, un laïc, ait choisi le titre d’un texte fondateur du judaïsme. D’ailleurs, le poème s’apparente beaucoup - dans les paroles - à ce texte fondateur ; il reprend l’idée du Deutéronome ( prière de célébration).
Lévi ne se tourne pas là vers le Seigneur mais vers le souvenir que l’on perpétuera à nos enfants.
On peut expliquer brièvement ce poème qui ouvre le récit de Lévi.

Le pronom personnel « vous » du premier vers fait appel à l’ensemble d’une société.
Ce poème oppose le cas de ceux qui ont été déportés et ceux qui ne l’ont pas été. Le camp apparaît comme ayant été plus difficile d’un point de vue moral pour les femmes tandis qu’il a été vécu plus durement d’un point de vue physique pour les hommes.
Lévi accorde une place importante au devoir de mémoire.
On peut diviser ce texte en 4 grandes parties :
-> Du vers 1-4 : L’auteur fait allusion à la vie confortable et tranquille des « civils ».
-> Des vers 5-14 : L’auteur confronte la vie confortable des « civils » à la vie des déportés hommes et femmes.
-> Des vers 15-20 : Lévi appelle au devoir de mémoire
-> Des vers 21-23 : Lévi lance la malédiction finale à l’égard de ceux qui ne veulent pas voir et savoir.

Vers 1 à 4 :

L’auteur insiste donc sur le confort de la vie matérielle : « bien au chaud » et « la table mise ». A cette notion de confort s’ajoute la notion de possession : « vos maisons ».(alors qu’eux n’ont rien).
Il insiste également sur le confort des valeurs humaines dans le sens où la table a été mise par quelqu’un pour vous. Il met ainsi en évidence la sollicitude et parle de « visages amis ».
Cette première partie porte en creux tout ce qui fait la vie au Lager.
« quiétude » fait référence à