Réalité et langage chez beckett et camus
Depuis Aristote et sa poétique, l'homme n'a eu de cesse que de classer les œuvres littéraires. En fonction des mots utilisés, de la forme du récit, du registre, ils ont un genre différent : le genre permettant de classer les œuvres et engendrant chez le lecture des attentes diverses. Ainsi romans et épopées sont gages de productions fictives tandis qu'autobiographie est gage de réalisme.
Depuis le 17 siècle, toute une série de romans narratifs voit le jour mais au sein de ces romans, la voix qui nous parle a pour projet d'organiser un récit. Elle essaye de créer une cohérence narrative, poétique et chronologique afin de permettre à l'auditeur de comprendre la réalité fictive ou non explicitée. Des romans personnels émergent, voulant se faire passer pour des documentaires authentiques. Si un roman est épistolaire, l'auteur se fait passer pour celui qui a découvert les lettres, on trouve alors souvent le topos du manuscrit retrouvé : l'auteur promettant au lecteur que son récit est authentique. Les lettres portugaises par exemple, passent pour être des lettres de sentiment naturellement écrites et revêtant alors ce que l'on appelle : « le langage de l'âme »[1]. Cependant, même si l'auteur semble mimer la réalité, même si ces lettres ont longtemps été perçues comme de vraies lettres, on ne peut que se sentir dupé : la réalité que le lecteur pensait percevoir est fausse. Ce qui permet à l'auteur de tromper le lecteur ce sont le genre emprunté et la dimension littéraire de l'œuvre. Le trait y est discursif, on favorise ce lien de l'immédiateté entre celui qui écrit et celui qui reçoit la lettre. Pourtant, dans ces romans personnels, la dimension rétrospective est importante. Si la lettre ou le roman est mémoire, il est narratif,