Jean-Paul Sartre – Qu’est-ce que la littérature ?
Chapitre I : Qu’est-ce qu’écrire ?

L’écrivain peut guider et provoquer les sensations. Le peintre est muet, il se contente de montrer. L’écrivain a affaire aux significations. L’empire des signes, c’est la prose. La poésie est du côté de la peinture, sculpture, musique. Les poètes sont des hommes qui refusent le langage considèrent les mots comme des choses et non comme des signes. Pour le poète, le langage est une structure du md extérieur, la phrase a une tonalité. L’ensemble des mots choisis fonctionne comme une image de la nuance interrogative ou restrictive et, inversement, l’interrogation est image de l’ensemble verbal qu’elle délimite. L’interrogation est sa propre réponse. Voilà l’interrogation devenue chose, comme l’angoisse du Tintoret était devenue ciel jaune.

O saisons ! O châteaux !
Quelle âme est sans défaut ?

La prose est utilitaire par essence. Prosateur = homme qui se sert des mots. L’écrivain est un parleur. L’art de la prose s’exerce sur le discours, sa matière est naturellement signifiante : les mots ne st pas des objets, mais des désignations d’objet. La prose est une attitude d’esprit. L’intuition est silence et la fin du langage est de communiquer. Parler c’est agir : toute chose qu’on nomme n’est déjà plus tout à fait la même, elle a perdu son innocence. Ainsi, en parlant, je dévoile la situation par mon projet même de la changer ; je la dévoile à moi-même et aux autres pour la changer. Le prosateur est un homme qui a choisi un certain mode d’action secondaire qu’on nomme l’action par dévoilement. Dans la prose, le plaisir esthétique n’est pur que s’il vient par-dessus le marché.

Chapitre II : Pourquoi écrire ?

Il y a, derrière les diverses visées des auteurs, un choix + profond et + immédiat, qui est commun à tous. L’homme est le moyen par lequel les choses se manifestent ; c’est notre présence au md qui multiplie les relations. Nous sommes les détecteurs de l’être mais