De toutes les vérités que je viens de décrire par rapport à la très sainte Vierge et à ses enfants et serviteurs, le Saint-Esprit nous donne dans l'Écriture sainte une figure admirable : dans l'histoire de Jacob, qui reçut la bénédiction de son père Isaac par les soins et l'industrie de Rébecca sa mère. La voici comme le Saint-Esprit la rapporte ; ensuite j'y ajouterai son explication. Ésaü ayant vendu à Jacob son droit d'aînesse, Rébecca, mère des deux frères, qui aimait tendrement Jacob, lui assura cet avantage, plusieurs années après, par une adresse toute sainte et toute pleine de mystère. Car Isaac, se sentant fort vieux et voulant bénir ses enfants avant que de mourir, appela son fils Ésaü qu'il aimait, lui commanda d'aller à la chasse pour avoir de quoi manger, afin qu'il le bénît ensuite. Rébecca avertit promptement Jacob de ce qui se passait et lui commanda d'aller prendre deux chevreaux dans le troupeau. Lorsqu'il les eut donnés à sa mère, elle en prépara à Isaac ce qu'elle savait qu'il aimait. Elle revêtit Jacob des habits d'Ésaü, qu'elle gardait, et couvrit ses mains et son cou de la peau des chevreaux afin que son père, qui ne voyait plus, pût, en entendant la parole de Jacob, croire au moins par le poil de ses mains que c'était Ésaü son frère. Isaac, ayant été surpris de sa voix qu'il croyait être la voix de Jacob, le fit approcher de lui ; ayant touché le poil des peaux dont il s'était couvert les mains il dit que la voix, à la vérité, était la voix de Jacob, mais que les mains étaient les mains d'Ésaü. Après qu'il eut mangé, et qu'il eut senti, en baisant Jacob, l'odeur de ses habits parfumés, il le bénit et lui souhaita la rosée du ciel et la fécondité de la terre ; il l'établit le maître de tous ses frères, et finit sa bénédiction par ces paroles : « Que celui qui vous maudira soit maudit lui-même, et que celui qui vous bénira soit comblé de bénédictions. » A peine Isaac avait achevé ces paroles, qu'Ésaü entre et apporte à manger ce