Scène d'exposition de l'ile des esclaves, marivaux (1725)
L'île des esclaves est une comédie du XVIIIe siècle écrite par Marivaux. Succédant au théâtre classique, le théâtre des Lumières mélange les genres. Il n'est donc pas étonnant que cette comédie s'ouvre sur un évènement potentiellement tragique ; à savoir un naufrage. La scène d'exposition, que nous allons étudier, met donc en scène Arlequin et son maître
(Iphicrate), seuls rescapés de la tempête. Ils ont échoué sur …afficher plus de contenu…
La scène d'exposition met donc en place le décors, la genre et les relations entre les personnages de manière tout à fait attendue. Marivaux met l'accent dès l'ouverture sur la relation de subordination entre le maître et son valet. Néanmoins, cette dernière est progressivement subvertie ; transformant la comédie en une réflexion sur les rapports de force qui règlent la société de classe. Arlequin s'émancipe à partir du moment où il comprend que les lois de l'île lui sont favorables. Sa désobéissance est d'abord langagière lorsqu'il siffle, chante et rit au lieu de parler de manière intelligible.
Il manque de respect à son maître, se montre insolent. En reprenant les termes exacts de son maître, …afficher plus de contenu…
Cette phrase non verbale accentue l'émotion de son propos car l'émotion lui fait perdre toute syntaxe complexe. Cette inversion des rôles dominés-dominant, visible à travers la répartition des tirades (on passe de celle d'Iphicrate l.10 à 13 à celle d'Arlequin l.66 à 73), mène à une réflexion politique sur le rapport maître-valet. Placée sous le signe de la fantaisie, la scène devient une expérience de pensée. Le cadrespacio-temporel est invraissemblable puisqu'il réunit à la fois Iphicrate, personnage du IVe siècle avant J-
C et Arlequin, personnage type de la Comedia Dell' arte. Placée en un temps irréel et dans un lieu hors du monde, l'île fonctionne comme une utopie dans laquelle une réflexion politique peut être menée. On