Sens

Cette nuit, j’ai vécu cent ans, ou mille, peut-être plus, certainement moins.
Qu’importe ?
« Le temps n’est pas l’étalon qui convient à l’être humain »*.
Cette nuit, la phrase a pris tout son sens.
Une saison. Quatre saisons. Non, bien plus. Des magnifiques, imaginaires, quelques unes froides, parfois glaciales, mais d’autres si voluptueuses restent dans mon souvenir.

Cette nuit, j’ai voyagé dans cent endroits, ou mille, peut-être moins, certainement plus.
Qu’importe ?
Tout importe ici – ou là-bas.
Je me suis baignée dans une musique que je pouvais voir et toucher.
Je suis allée dans des mondes dont j’osais à peine rêver.
A peine entrevus auparavant, juste soupçonnés, jamais décodés.

Cette nuit, j’ai trouvé la clé.
La clé.
Celle de l’abandon. D’un monde, d’une conformité, d’une prison.
Celle qui libère. Vers des chemins lumineux, sonores, parfumés, doux.
Aujourd’hui, je sais que ces mondes existent. Je n’avais pas tort.
Enfin une illusion qui n’en est pas une…

Aujourd’hui, j’ai senti et ressenti le partage.
Dans les regards.
Dans les gestes.
Dans les mots.
Dans une compassion brûlante, un flux d’énergie.
J’ai aussi perçu des effluves négatifs. Qui déchirent les entrailles.
Les mêmes que ceux de mon enfance.
Les mêmes que maintenant et toujours.
Ceux qui suivent la loi du talion, qui rappellent à la réalité.
L’humanité reste ce qu’elle est.
Peu importe. Ou pas.

Aujourd’hui, le monde d’ici me reprend.
J’entends encore les sirènes chanter de temps en temps.
Mais je ne les vois plus. Et je ne les touche plus.
Je sais que je reviens vers des sens moins affirmés.
Dans un monde au sens inexistant. Ou pas.
Mais peu importe, car j’ai rencontré la beauté.
Et « la félicité se situe en marge du temps »*.

Et demain… sera un autre jour.

*Stig