SIEGFRIDn
La genèse de SIEGFRIED constitue un cas extrêmement curieux et même paradoxal, dans l'histoire de la création artistique.
Dès ses premiers contacts avec la mythologie germanique et avec les EDDAS scandinaves ( ou le même héros apparaît sous le nom de SIGURD), Richard Wagner avait été fasciné par cette image rayonnante de la jeunesse héroïque, par ce symbole triomphant ou l'imagination médiévale semblait avoir incarné l'ivresse printanière de l'humanité.
Dès 1845, c'est à dire dès l'époque ou il compose LOHENGRIN, il semble avoir été hanté par l'idée d'un vaste drame dont SIEGFRIED fut le centre.
Quel personnage mythique eut pu mieux répondre à son inspiration exaltée, à ses rêves de grandeur épique?
Wagner commence alors à écrire un premier poème dramatique, mais qui, par un nouveau paradoxe, est celui de la mort de SIEGFRIED .
C'est de ce " Siegfried's tod" que naîtra plus tard la dernière partie de la Tétralogie, Le Crépuscule des Dieux.
Ayant ainsi retracé la tragique conclusion de son épopée, Wagner va remonter progressivement le cours de la légende.
En 1851, en quelques semaines, il écrit " le jeune Siegfried" première forme de notre Siegfried actuel, et, somme toute, le centre du drame
Puis en juillet 1852, c'est le texte de la Walkyrie ou il évoque la rencontre de Siegmund et de Sieglinde dont naîtra Siegfried, et l'enchevêtrement des faits qui conduiront Brunnhilde, héroïque demi-déesse, à la condamnation qui fera d'elle une femme.
Enfin, en novembre de la même année, il va éclairer en un prologue, les origines du drame, le mythe de l'or et la malédiction de l'anneau. Ce sera l'Or du Rhin.
Cette composition à rebours est déjà surprenante.
Ce qui l'est plus encore, c'est la métamorphose progressive que subit la légende initiale dans l'esprit de Wagner.
En effet,la maturation de l'œuvre est parallèle à celle de l'artiste. Sa genèse a été dictée en profondeur par l'évolution