Skat
On voit aussi que les lignes du tableau sont très confuses. Elles sont toutes cassées. Il n’y a pas d’équilibre dans le tableau. Ces lignes confuses et ces couleurs froides mettent le spectateur très mal a l’aise tout en l’amenant à accepter les idées du peintre. L’utilisation du clair/obscur nous révèle les corps d’anciens soldats démembrés. On note ainsi l’absence quasi-totale de membres inférieurs, remplacés par des pilons ou des jambes de bois articulées. Ces trois caricatures sont donc vraiment exagérées. Ils sont difformes , estropiés, affreux. Peut être qu’Otto Dix les a peints de telle sorte qu’ils fassent peur aux gens? Techniques : Huile sur toile et collage, 1920, 110 x 87 cm, Galerie nationale,
Berlin.
Significations : Les mutilations renvoient bien sûr à la violence subie pendant la guerre mais aussi de l’impuissance des médecins à réparer les corps dont témoigne le recours à l’appareillage prothétique. Celui-ci s’apparente à une forme de camouflage ou de cache misère : il s’agit de tenter de rendre invisible les destructions subie.
Mais Dix parvient à métamorphoser l’effroyable et le hideux en grotesque voire en ridicule. Dans l’exhibition tout d’abord par les anciens combattants de leurs propres mutilations, dans le fait qu’ils trouvent dans leurs blessures une fierté, une forme de valorisation voire d'héroïsme. Le joueur de droite porte d’ailleurs sa Croix de Fer. Les corps ressemblent à des marionnettes, à des pantins mécaniques, il ne s’agit plus que de reliquats de corps, conséquence de la folie guerrière.
Le jeu de cartes cimente la sociabilité des anciens combattants en Allemagne. Le Skat rassemble trois joueurs, telle une association macabre comme celle d’une danse qui s’inscrit sur la prothèse crânienne du joueur placé au centre de l’œuvre et sur laquelle on distingue deux corps dansant. Ici les trois joueurs nous montrent leurs jeux. S’ils semblent avoir les