Socrate et la mort
I. La doctrine sur la mort
1) L'arrogance de Socrate envers ses juges
Il faut relire les deux premiers discours (17a-38b) pour apprécier le changement de ton qui s'opère. Même si, au cours de la première plaidoirie, Socrate parle de manière parfois arrogante, au moins plaide-t-il non coupable et tente-t-il en effet de se défendre ; alors que, dès les premiers mots de la deuxième plaidoirie, une ironie d'une étonnante violence jaillit des propos : non seulement il réinterprète le jugement du tribunal comme s'il avait remporté la cause, mais encore il propose comme peine de substitution le plus grand honneur dont Athènes pouvait distinguer un citoyen : une retraite dorée dans le Prytanée.
Il s'en explique ensuite : il ne va certainement pas s'appliquer à lui-même une peine (la prison, l'amende ou l'exil) dont il sait qu'elle est un mal, en substitution à une peine (la mort) dont il ne sait pas, au juste, si elle est un mal ou un bien (37b-c).
Opinion curieuse, pour le moins ! La plupart des gens considèrent la mort comme un mal. Aussi ce point mérite-t-il