Sommes-nous responsables de nos désirs ?
1.1. Définitions
Le "désir" se définit classiquement comme une "tendance spontanée et consciente vers une fin connue ou imaginée" (définition de Lalande). On peut ajouter que cette fin est jugée comme bonne. La définition de Spinoza, "appétit avec conscience de lui-même", était également recevable. Il s'oppose à l'ennui, à l'inaction et à la satisfaction ; il se distingue de la volonté, de l'envie, de la passion, de l'ambition.
La "responsabilité" désigne la relation entre un acte (considéré comme répréhensible - crime ou délit par exemple, mais également négligence, omission ou mise en danger délibérée) et une personne juridique appelée à répondre des conséquences de cet acte. Elle s'oppose à l'irresponsabilité.
1.2. Forme de la question
"Sommes-nous ... ?" : peut-on pleinement nous tenir responsables de nos désirs ? Lorsque nous ressentons un désir, doit-on nous tenir pour responsables de ses conséquences ?
1.3. Relations entre les termes
Le désir appartient à un champ lexical psychologique ; la responsabilité relève du champ lexical juridique. Le libellé examine le passage de l'intention à l'action, du for intérieur à l'agissement extériorisé et cherche à décider à quel moment naît la responsabilité.
2. Réponse spontanée et réponse paradoxale justifiées
La réponse spontanée constate que nous pouvons être tenus pour responsables de nos désirs dans l'exacte mesure où il s'agit bien des nôtres, et qu'on peut donc nous les imputer.
La réponse paradoxale oppose à cette idée l'argument selon lequel un pur phénomène psychologique échappe au pouvoir du droit, lequel ne peut reprocher que des actes avérés.
3. Argumentation de la thèse et de l'antithèse
3.1. Thèse : nos désirs nous sont imputables
Nos désirs nous appartiennent. Lorsque je désire, c'est bien moi qui désire, et nul autre. Dès lors, nous en sommes responsables.
Du reste, le stoïcisme et l'épicurisme s'accordent pour affirmer cette