Suffit-il de bien parler pour bien penser?
Cette question nous pose ici à nous interroger sur la pertinence de l’assertion selon laquelle parler serait une condition suffisante pour bien penser. Nous le voyons, cette question n’est pas neutre puisqu’il y a deux fois le mot « bien ». Le contexte élargi donc le rapport entre le langage et la pensée, le rapport entre la rhétorique qui est l’art de faire des beaux discours et la philosophie qui cherche entre autre à bien penser.
Bien parler, c’est autrement dit bien savoir s’exprimer. Cette expression renvoie à ce que le langage populaire appelle le « beau parleur », autrement dit, celui qui sait persuader, qui subjugue les foules voire qui peut les manipuler. La véracité de l’objet de son discours ne lui importe pas ou peu, ce qui lui importe étant l’effet produit sur son auditoire.
Comme « bien parler », l’expression « bien penser » recèle deux sens : le « bien penser » au sens de penser correctement, et le bien penser qui renvoie au bien pensant autrement dit au fameux « politiquement correct ». Cependant ici il nous apparaît que le « bien penser » au sens d’être « bien pensant » n’est pas nécessairement à prendre en compte. Le problème porte donc sur la relation entre le « bien penser » et le « bien parler ».
Pour les sophistes, l’art de bien penser passe nécessairement par l’apprentissage du bien parler, autrement dit de la rhétorique. Un sophiste, c’est celui qui n’envisage pas le langage comme le fait de parler de quelque chose mais c’est celui qui se contente de parler à quelqu’un. Le sophiste ne reconnaît pas au langage une fonction de transmission de la pensée ou de la connaissance mais reconnaît au langage une dimension de persuasion de l’interlocuteur. On constate que lorsqu’une personne ne s’exprime pas de manière claire et précise, cette dernière manifeste généralement certaines imprécisions dans sa pensée. Certes, on estime généralement que le langage n’est qu’un moyen d’extérioriser la pensée,