Sujet d'invention Stendhal
Cher Stendhal, si je me permets aujourd’hui de vous écrire, c’est pour tout simplement vous faire part de mon opinion concernant Mathilde de la Môle, personnage féminin important qui domine la deuxième partie de votre roman. Je ne veux pas vous en faire le blâme, au contraire, mon but à travers cette lettre est de la défendre car pour moi c’est avant tout une jeune fille assez audacieuse pour réfléchir par ses propres idées et ses propres jugements. Du premier abord, on pourrait se laisser tenter par l’idée d’une jeune femme typique de l’aristocratie parisienne mais il n’en est rien lorsque l’on remarque que son comportement et sa personnalité ne correspondent en aucun cas à cette image. C’est avant tout une belle jeune femme qui ne laisse pas indifférent les hommes, indépendante et sûre d’elle qui n’hésite pas à exprimer ses idées. Enfermée dans le cercle redondant et monotone de l’aristocratie, cette jeune femme à la recherche de découvertes et d’aventures s’ennuie. Vous le faites d’ailleurs très bien remarquée lorsque Julien croise pour la première fois le regard de Mathilde, il qualifie ses yeux comme, je cite « ils avaient l’expression de l’ennui qui examine, mais qui se souvient de l’obligation d’être imposant » (page 284). Pour se débarrasser de cet ennui qui la ronge un peu plus chaque jour, elle a pour habitude, accompagnée de ses amis, de distribuer des commentaires piquants aux personnes de la société et quand cela ne suffit pas ; elle danse. On ne peut pas lui en vouloir pour ça. Parfois même cela ne suffit pas comme à la page 332 « Mais ni la danse, ni le désir de plaire à l’un des plus jolis hommes de la cour, rien ne put distraire Mathilde. » C’est également une jeune femme qui, pour accroître sa culture, n’hésite pas à entrer secrètement dans la bibliothèque de son père à chaque moment libre pour voler des livres qui ne conviennent pas à la lecture