sujet d invention Victor Hugo s^r les choses vues
Adeline
Sujet d'invention Messieurs, chers confrères et membres de la Chambre des Pairs, permettez moi de vous saluer. Je prends la parole devant vous tous réunis, gentils hommes dévoués à la justice, pour une noble cause. J'étais en chemin pour venir vous rejoindre quand une scène frappante s'est déroulée sous mes yeux : en effet, j'ai vu la misère même. Un homme encore jeune et pourtant à l'air si usé, si vieux ! Il semblait être de ses malheureuses personnes qui, d'un regard, vous font pitié. Nous en rencontrons tous les jours me direz vous. C'est injuste, certes, mais nous n'y pouvons rien. Mais ce pauvre homme avait l'air encore plus pitoyable qu'il côtoyait la Richesse. Comme si cela ne suffisait pas, un carrosse armorié se trouvait à quelques pas de lui. À l'intérieur se tenaient une duchesse et un enfant, tout deux parés de dentelle, de velours et d'autres étoffes plus précieuses les unes que les autres. N'avez vous jamais vu de miséreux, la fièvre dans le regard et ne possédant que quelques ridicules guenilles pour les couvrir ? Cet homme, un malheureux pain dans les bras, aux bas de fortunes ensanglantés, et au dos couvert de boue n'avait plus rien d'humain ! La terre sur ses haillons indiquait qu'il dormait fréquemment sur les pavés ! Mais ce sont les animaux, les rats, la vermine qui y vivent ! Même les soldats, pourtant stricts, sévères et sobrement vêtus, qui l'encadrait accentuaient l'impression de pauvreté qui flottait autour de lui. Le froid, le vent, voilà ce que cet humain pitoyable doit vivre au quotidien ! Et, comme si toutes ces souffrances et ces difficultés ne suffisaient pas, voici qu'il faut qu'il soit accusé d'avoir volé un pain ! Mais qu'est ce qu'un pain, messieurs ? Un moyen d'humilier ceux qui ne peuvent pas subvenir à leurs besoins ? Qui n'ont pas de logis, de feu pour se réchauffer par les temps froids de l'hiver, de vêtements décents pour lutter contre la pluie et les rafales glaciales ? Comment est-il