Sur le stoïcisme
Epictète (50-130 apr. J.-C.), Manuel
« I. 1. Il y a des choses qui dépendent de nous ; il y en a d’autres qui n’en dépendent pas. Ce qui dépend de nous, ce sont nos jugements, nos tendances, nos désirs, nos aversions : en un mot, toutes les œuvres qui nous appartiennent. Ce qui ne dépend pas de nous, c’est notre corps, c’est la richesse, la célébrité, le pouvoir ; en un mot, toutes les œuvres qui ne nous appartiennent pas. 2. Les choses qui dépendent de nous sont par nature libres, sans empêchement, sans entraves ; celles qui n’en dépendent pas, inconsistantes, serviles, capables d’être empêchées, étrangères. 3. Souviens-toi donc que si tu crois libre ce qui par nature est servile, et propre à toi ce qui t’est étranger, tu seras entravé, affligé, troublé, et tu t’en prendras aux Dieux et aux hommes. Mais, si tu crois tien cela seul qui est tien, et étranger ce qui t’est en effet étranger, nul ne pourra jamais te contraindre, nul ne t’entravera. »
« I. 5. Ainsi donc, à toute idée pénible, prends soin de dire : “Tu es idée, et tu n’es pas du tout ce que tu représentes.” »
« V. Ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses, mais les jugements qu’ils portent sur ces choses. »
« VIII. Ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille que les choses arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux. »
« XVI. Lorsque tu vois un homme qui gémit dans le deuil, soit parce que son fils est absent, soit parce qu’il a perdu ce qu’il possédait, prends garde de te laisser emporter par l’idée que les maux dont il souffre lui viennent du dehors. Mais sois prêt à dire aussitôt : “Ce qui l’afflige, ce n’est point ce qui arrive, car un autre n’en est point affligé ; mais c’est le jugement qu’il porte sur cet événement.” »
Marc-Aurèle (121-180 apr. J.-C.),