Tartuffe
- Situation : Orgon vient d’entendre de la bouche de Damis que Tartuffe a tenté de séduire sa femme, et Elmire a confirmé. Le spectateur est extrêmement curieux de connaître la réaction d’Orgon : va-t-il croire son fils et sa femme, ou nier leur témoignage pour leur préférer ses illusions sur Tartuffe ? Et Tartuffe lui-même, comment va-t-il se sortir d’embarras ?
- Avant l’étude : Cet extrait est caractérisé par un net déséquilibre dans la répartition des répliques : celles de Tartuffe s’étalent à deux reprises sur plus de dix vers, tandis que celles de Damis sont non seulement brèves (moins de deux vers) mais tronquées.
- Remarques générales : Dénoncé par Damis, Tartuffe ne nie pas ses accusations, mais s’accuse au contraire de tous les péchés imaginables. Orgon ne voit dans ce mea culpa excessif qu’une preuve de plus de l’admirable humilité de son « frère », et s’enfle de rage contre son fils, qu’il prend pour un vil calomniateur. Tartuffe incarne son personnage de saint jusqu’au bout en prenant la défense de Damis. L’extrait se termine sur le tableau d’un Tartuffe à genoux lui aussi, s’indignant contre Damis.
- V.1073 : l’étonnement d’Orgon se manifeste par l’emploi d’une phrase exclamative et d’une phrase interrogative dans le même vers. Il appelle le ciel à témoin. Il convie Tartuffe à s’expliquer.
- V .1074 à 1085 : 1ère longue réplique de Tartuffe qui s’accuse de méfaits plus grands que ceux qu’il a commis. V. 1074 à 1076 : gradation et exagération (de « méchant » il devient « le plus grand scélérat » - noter l’emploi du superlatif). Durant toute la réplique, se mêlent vocabulaire religieux (« pécheur », « ciel », « courroux ») et judiciaire (« crimes », « forfait », « criminel ») : Tartuffe invite Orgon à se substituer à Dieu et à le punir. Surtout : Tartuffe conçoit se moment comme une preuve divine, Dieu teste sa foi è Tartuffe accepte l’épreuve è il passe ainsi pour encore plus dévot