Texte De Bac 1et 3 L Invitation Et Brise Marine
Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds,
La splendeur orientale, Tout y parlerait A l'âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde. - Les soleils couchants Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté. Charles BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, Section "Spleen et idéal", LIII
Brise Marine
La chair est triste, hélas! et j'ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir! Je sens que des oiseaux sont ivres
D'être parmi l'écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe
O nuits! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l'ancre pour une exotique nature!
Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l'adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu'un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots...
Mais, ô mon cœur, entends le chant des