The world outside
Dans une région rongée par la misère, où les frontières sont de véritables passoires, les passeurs se recrutent à la pelle. Le voyage au bout de l'enfer peut commencer.
La vallée de pierre se faufile dans le pli des montagnes. Savamment agencées autour du ruisseau, les cultures forment un long serpent de couleur. Des villages parsèment la vallée. Maisons de pisé, mélange de terre, de pierre et de paille. La province du Nangarhar, située entre la frontière pakistanaise et Kaboul, capitale de l'Afghanistan, est la deuxième région productrice d'opium du pays. Ce pays ravagé par la guerre est redevenu le premier producteur mondial d'opium à la chute du régime taliban, l'hiver dernier.
L'héro, des bénéfices stupéfiants
Sur les terrasses, une légère brise passe dans les blés, fait frissonner la cime des amandiers et danser les longues tiges de la fleur de pavot. Des centaines de milliers de fleurs de pavot. Les pétales sont tombés, laissant apparaître les capsules sombres, grosses comme des mandarines. La veille, des incisions ont été faites sur les capsules, la pâte suinte. La récolte d'opium a commencé.
Un paysan s'affaire. A l'aide d'un grossier racloir, il récolte une sève brune à l'odeur âcre. Plusieurs de ces champs de pavot lui appartiennent. Il n'en tire pas grande fortune. Du demi hectare de pavot qu'il cultive, il obtiendra 25, peut-être 30 kilos d'opium. Certes, à 50 € le kilo, ça rapporte bien plus que d'autres cultures.
Surtout, le pavot peut être stocké en prévision d'un coup dur. Mais une fois transformé en héroïne et vendu dans la rue, à Paris, il pourra rapporter jusqu'à 150000 €. Trois mille fois plus !
Les trafiquants à la pêche aux mules
Pour l'exporter, les passeurs ont l'embarras du choix. A l'ouest, l'Iran. A l'est et au sud, le Pakistan. Et au nord, l'Asie centrale. Aucune des frontières de l'Afghanistan n'est hermétique. L'Iran est la route naturelle pour faire transiter l'opium,