Theorie de la firme
Une revue critique des développements contemporains
Benjamin CORIAT, Olivier WEINSTEIN
Université Paris 13, CEPN, CNRS. (A paraître in Revue d’Economie Industrielle, N° spécial pour les 30 ans de la REI)
Il est généralement admis que la théorie économique de la firme, telle qu’elle est aujourd’hui formulée s’est reconstruite, à partir des années soixante-dix, sur la base de la redécouverte d’un article de Ronald Coase de 1937 qui n’avait connu jusque là que peu d’audience. Dans cet article devenu classique, Coase soulève la question de “ la nature de la firme ” : qu’est-ce qu’une firme, et pourquoi les firmes existent-elles ? L’auteur propose un type de réponse qui reste, dans sa forme générale couramment admise : la firme constitue un mode de coordination économique alternatif au marché. Alors que sur le marché la coordination des comportements des individus se fait par le système de prix, la firme se caractérise par une coordination administrative, par la hiérarchie. Il reste alors à se demander pourquoi le recours à une coordination administrative peut être nécessaire. La réponse de Coase est que la coordination par les prix entraîne des coûts, ignorés dans les analyses standards du marché, ce que l’on appellera par la suite des coûts de transaction. Quand ces coûts sont supérieurs aux coûts d’organisation interne, la coordination dans la firme s’impose. Notons dès maintenant que l’on trouve chez Coase deux thèses, qui seront fortement discutées par la suite : (1) firme et marché constituent deux modes de coordination différentes. (2) Ce qui caractérise fondamentalement la firme, c’est l’existence d’un pouvoir d’autorité, la firme est une organisation hiérarchique.
Comme nous allons le montrer ces propositions sont bien à l’origine d’un renouvellement profond des théorisations sur la firme. De Coase à Williamson en passant par Alchian et Demsetz et les théoriciens des droits de propriété,