Therese raquin personnage
Dans ses confidences sur sa méthode de travail, Zola avouait penser en priorité à un personnage principal plutôt qu'à une intrigue avant de se lancer dans la rédaction d'un roman.
- UN CARACTÈRE HÉRÉDITAIRE ET L’INFLUENCE DU MILIEU
Thérèse Raquin est la fille d'une algérienne « d'une grande beauté » (chap.2) et la nièce de Mme Raquin. Dès la naissance, elle a hérité du tempérament nerveux et passionné de sa mère. Cependant, pendant toute son enfance, elle est obligée d’enfouir son énergie grandissante car elle doit partager le lit de Camille, son cousin chétif, ainsi que les soins qui lui sont prodigués. Elle prend alors l'habitude du mensonge et de la dissimilation: son apparence calme contraste avec son existence intérieure « brûlante et emportée » (chap.2) .
Par la suite, lors d’un des nombreux rendez-vous avec Laurent, elle leur reprochera de l’avoir trop étouffée, de l’avoir privée de liberté. « J’ai souffert » dit-elle, « J’ai été élevée dans l’humidité tiède de la chambre d'un malade », « on m’a enterrée », « ils m’ont rendue laide ». « Ils ont fait de moi une hypocrite et une menteuse… Ils m'ont étouffée dans leur douceur bourgeoise » (chap.9)
Lorsque elle emménage dans la capitale, l'atmosphère confinée des vieux quartiers de Paris lui est insupportable, l'oppression de l'impasse du Pont-Neuf et de la boutique qui sera désormais son foyer définitif lui est plus sensible qu'à quiconque : « Quand Thérèse entra dans la boutique où elle allait vivre désormais, il lui sembla qu'elle descendait dans la terre grasse d'une fosse. (Déjà ici on nous plonge dans une atmosphère morbide avec l’idée de mise en terre).Une sorte d'écœurement la prit à la gorge, elle eut des frissons de peur » (ch. III).