Théâtre et émotivité
Intro
Dans l’extrait de Marivaux, on voit comment l’auteur peut émouvoir son public en cherchant sous le masque la vérité du sentiment. L’extrait de Tartuffe, lui, nous convainc de la duplicité de ces faux dévots drapés dans le manteau de la religion par un discours défendant la casuistique (où l’intention peut racheter la faute).
« Plaire et instruire », mot d’ordre des dramaturges du siècle classique (Movere et docere). On le voit à l’œuvre dans la tragédie comme dans la comédie et à toutes les époques. Comme art de la représentation, le théâtre vise à toucher directement le spectateur.
1. émouvoir & persuader Les deux fonctions sont souvent intimement mêlées. L’émotion pure existe rarement au théâtre : cependant un théâtre essentiellement gestuel comme la commedia dell’arte (très en vogue dans les mises en scène contemporaines) peut susciter le rire par le simple jeu de la farce. Par sa forme, et son esthétique, le théâtre est un art immédiat où le récepteur, directement en contact avec l’œuvre incarnée, ne peut qu’éprouver des émotions : - le décor, les costumes, la lumière jouent un rôle prépondérant. Ainsi dans le « Dom Juan » de Bluwal (1965), la musique (Requiem de Mozart) vient dramatiser à l’extrême la fuite du héros et de son valet. Cette musique funèbre donne des frissons et préfigure la fin de Dom Juan. - La mise en forme du texte, notamment classique, par ses effets de style, peut aussi provoquer des sentiments de pitié ou d’empathie chez le spectateur : stances du Cid (lyrisme et emphase), monologue pathétique d’Arnolphe dans « l’Ecole des femmes » de Molière. - Le principe de la « double énonciation » assure au spectateur une position privilégiée qui rend