Théâtre
Enivrez-vous est un poème publié dans le Figaro. Il s’adresse directement à ses lecteurs par ce titre à l’impératif, une injonction étonnante puis un ton assertif. L’ivresse est une nécessité exclusive, c’est l’unique question. Le fardeau du temps rappelle que nous sommes voués à l’usure. Pour s’en défaire il faut tomber dans un nouvel esclavage car il faut toujours être ivre.
Il propose ensuite une solution (cf. Musset, « Qu’importe le flacon ») : liberté de choisir le moyen de s’enivrer. Le rythme est ternaire : « de vin, de poésie ou de vertu à votre guise ». Vin et vertu s’opposent. On ne s’étonnera pas trop de voir vanter la poésie après le vin (cf. Platon, Montaigne). Plus paradoxale serait l’ivresse de la vertu : l’héroïsme vertueux ? Cf. aussi « Les veuves ». La privation exalte le désir.
Dans l’énumération, on compte cinq noms et cinq verbes. L’horloge donne le conseil négativement en rappelant le travail du temps. L’horloge s’associe aux éléments naturels, confirmant la marche inexorable du temps. Les mots « vent, vague » donnent une impression de légèreté. Le caractère éphémère des effets de l’ivresse renforce la leçon « énivrez-vous » : il faut le faire souvent. Charles Baudelaire a l’air de s’exprimer en moraliste mais il exalte en fait le rêve. Il suggère trois formes d’ivresse mais il y en a bien d’autres : l’amour, les paradis artificiels et l’art (en face des ciels du peintre Boudin ou devant les tableaux de Delacroix il ressent une ivresse similaire à celle que lui procure l’opium.
Dans la première phrase on note la place inhabituelle de l’adverbe « toujours » plus la reprise de phrase suivante avec « tout ». Ce n’est pas une ivresse spécifiquement due à l’alcool. Baudelaire parle ensuite d’une unique question. Mais la réponse vient après : l’ivresse est seulement éphémère puisqu’elle est une question. On note trois sortes d’ivresse :
L’ivresse de la poésie : effets