Tibulle, elegies, i, 3, v.35-56
C O M M E N T A I R E
Tibulle, Elegies, I, 3, v.35-56
Introduction On peut également recourir à la présentation proposée par Annette Flobert:
L'élégie est adressée à Messalla qui doit se rendre en Orient. Tibulle fait partie de l'état-major mais n'exerce aucun commandement militaire. Dans cette période de troubles, le départ a dû être décidé précipitamment et on peut penser que le poète, qui vient de rencontrer Délie (Première élégie), est parti à contrecœur. Pendant le voyage, il s'arrête malade à Corcyre, et à la peur de mourir en terre étrangère s'ajoute la crainte de ne pas revoir Délie.
Annonce du plan L'âge d'or est représenté par le règne de Saturne, opposé à l'âge de fer, inauguré par Jupiter. L'évocation est traditionnelle, mais le poète a mis l'accent sur les éléments en rapport avec sa situation actuelle sans s'interdire de laisser son imagination vagabonder librement.
I. Une évocation de l'âge d'or, vers 35-48
1. Une nature préservée des souillures que les hommes lui ont ensuite infligées
La valorisation du passé et la réprobation à l'égard du présent s'expriment tout d'abord par les fréquentes négations, dont la première est "nondum", "pas encore". Dans ces temps anciens, on "vivait bien", justement parce que le progrès n'avait pas souillé la nature. Trois aspects de la civilisation sont évoqués: les voies de communication, associées au commerce qu'elles rendent possible, la domestication des animaux et enfin la propriété.
Ces transformations sont autant de profanations : la terre, par exemple, (le mot employé est d'ailleurs "tellus", plus poétique que "terra", et plus facilement chargé de connotations religieuses) a été "patefacta in longas vias", "ouverte en longues routes", et l'on songe à la brutalité d'un viol. Les navires sont désignés par un pin ("pinus") métonymique, dont la silhouette verticale est plantée sur les "ondes azurées" ("caeruleas undas"), ainsi