trilogie
Figaro vont se marier, le Comte courtise « les beautés des environs » et la Comtesse est « une épouse délaissée », voilà pour la situation qui précède le lever de rideau, mais Suzanne donne à Figaro deux informations de taille : le Comte s’apprête à faire valoir ses droits sur la fiancée et Bazile, maître à chanter, lui prête la main... Bien entendu dans une pièce aussi riche en péripéties que le
Mariage
, d’autres données se découvriront plus tard et les mises en scène de
Figaro lui échapperont en partie, c’est là la part « romanesque » de l’écriture de
Beaumarchais. Sa pièce n’est pas un simple développement de données de base, et son mouvement même, à partir de celles-ci, en crée de nouvelles. C’est aussi l’une des clés de son talent ici pleinement déployé.
L’exposition de la Mère coupable n’échappe pas davantage à ce souci de la complétude.
D’autant que l’extrait donne ici, non la première, mais les deux premières scènes. Un monologue d’abord, qui met en place l’atmosphère, triste et endeuillée, ainsi que les causes
(encore mystérieuses) de cette atmosphère « ce serait aujourd’hui la fête de son fils Léon... et d’un autre homme qui n’est plus !
» dit Suzanne. Le propos et les gestes suggèrent davantage, cependant, un état qu’une situation et le lecteur, comme le spectateur ne peuvent guère conjecturer, de ce monologue, une intrigue reconnaissable. La deuxième scène, un dialogue, est sur ce point plus classique. Les deux personnages ont des informations et des sentiments parfois différents, ils les échangent, et cet échange informe le lecteur et le spectateur des données principales de l’intrigue : le glissement social des personnages, le chagrin du Comte et de la Comtesse, les fils, la pupille, les dangers qui pèsent sur la fortune. Sans doute, une part de ces échanges pourrait paraître légèrement artificielle et l’exclamation de Suzanne