Le roman de Tristan et Iseut: conte ou tragédie ?

Conte ou tragédie ? Question à laquelle il est difficile de répondre à première vue, même après avoir soigneusement lu ce magnifique roman. Il est toujours difficile à mon sens de définir un livre, de lui donner un style précis, de le ranger dans une catégorie spécifique. Tristan et Iseut est peut être encore plus difficile à classer, vu le nombre élevé de différentes versions. Ses multiples versions, ses multiples répliques, ses multiples interprétations font de Tristan et Iseut un roman légende, un roman à part dans l'histoire de la littérature, un roman donc difficile à cerner. Est-ce alors plutôt une tragédie, mot qui se définit de la manière suivante: « ... représente une action destinée à susciter la terreur ou la pitié par le spectacle des passions et des catastrophes qu'elles provoquent... » ou un conte: « Récit, souvent assez court, de faits, d'aventures imaginaires » ? Peut être est-il plus facile de répondre à cette question en comparant ce roman à d'autre chefs-d'oeuvres étant mieux catalogués comme conte ou tragédie. Tristan et Iseut se rapproche-t-il plutôt des contes de Grimm ou des tragédies de Racine ? Je répondrais rapidement en disant que pour moi, il y a à la fois du Grimm et du Racine dans Tristan et Iseut, c'est à dire que c'est à la fois un conte et à la fois une tragédie. On peut facilement retrouver dans ce roman médiéval les éléments fondamentaux de ces deux genres. Toutes les batailles mythiques auxquelles Tristan doit faire face, notamment celle face au dragon pour obtenir la main de la belle Iseut, nous montrent bel et bien que ce roman appartient au fantastique et peut être affilié à un conte. Le breuvage dont Iseut et Tristan vont être victimes, ainsi que lorsque Tristan est sauvé par une force semble-t-il divine juste avant de se faire brûler sur le bûcher, sont également des caractéristiques propres aux contes. Cependant, on ne peut pas aussi facilement restreindre Tristan et