Une Fillette Sans Enfance
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Une fillette sans enfance Safia, 23 ans est l'une des premières victimes prises en charge par le CCEM (Comité Contre l'Esclavage Moderne). Depuis, des dizaines de vies brisées et bafouées ont été signalées au Comité. Toutes sont aussi dramatiques. J'étais heureuse à Argessa (Somalie). Après la mort de mes parents, je vivais auprès de ma grand-mère. Trop pauvre, elle s'est pourtant résignée à me confier à l'oncle Yussuf de Djibouti. Lui s'est vite débarrassé de moi en me donnant à Naïma. Ses enfants allaient à l'école. Moi et Alia, une petite fille de 8 ans comme moi, devions travailler. Nous nous levions vers 4 heures du matin pour faire le ménage, laver le linge à la main et cuisiner. Ces tâches duraient toute la journée, encore et encore, parfois jusqu'au milieu de la nuit. Naïma prenait plaisir à nous battre. J'ai fui à trois reprises mais la police m'a toujours ramenée. Naïma disait que j'avais volé. Nous sommes partis en France pour vivre dans un appartement triste de la banlieue parisienne. Je dormais sur un tapis dans la salle de bain sans chauffage. J'y mangeais aussi les restes des repas familiaux. Naïma me battait régulièrement pour un oui, pour un non. Elle me disait que j'étais son esclave. Jusqu'au jour où je me suis enfuie de nouveau, blessée, avec mes plaies « soignées » à l'eau de Javel. Les policiers m'ont découverte dans une cabine téléphonique où je m'étais réfugiée et m'ont conduite à l'hôpital. Je n'étais pas belle à voir : tuberculose, lésions auditives dues aux coups, hématomes sur le visage, mes mains n'avaient plus d'ongles. La police a enquêté et retrouvé Naïma. Elle a brandi son immunité diplomatique. Elle travaillait pour l'ambassade de Djibouti. Le procureur a dû classer l'affaire.
Françoise et Joëlle, deux assistantes sociales se sont occupées de moi. Elles ont découvert que rien n'était prévu pour des gens dans ma situation. Elles m'ont logée, soignée, et vêtue convenablement. Avec elles, j'ai appris mes premiers mots de