Une idée fondamentale de la phénoménologie de husserl: l'intentionnalité
C'est son petit camarade de la rue d'Ulm, Raymond Aron, qui, revenant d'Allemagne en 1932, fait découvrir à Sartre la philosophie de Husserl.
Très intéressé, Sartre entreprend la lecture de la Théorie de l'intuition dans la phénoménologie de Husserl de Lévinas, et décide alors d'aller l'étudier directement en Allemagne.
Pendant une année, il décortique et analyse l'œuvre de Husserl, qui constitue pour lui une découverte saisissante et fondamentale.
En janvier 1939 ( la confusion est forte en ce qui concerne la date réelle), dans la Nouvelle Revue Française, il publie l'article dont il est question ici « Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl: l'intentionnalité », dans lequel il explicite cette théorie à laquelle il adhère dès sa découverte: la conscience n'est ni une chose, ni une substance; elle est une visée, un mouvement perpétuel vers l'extérieur et c'est ce mouvement pour Husserl, et de fait pour Sartre, qui constitue l'intentionnalité.
Pour défendre cette position, Sartre choisit d'abord de ruiner l'héritage de l'académisme philosophique français qui pose la connaissance, et donc la conscience comme un système alimentaire,dont les prôneurs sont par exemple « Brunschvig, Lalande et Meyerson », que « nous avons tous lu ». C'est directement à l'immanence qu'il s'attaque.
Après avoir fait l'invalidation de l'immanence pour rendre compte de la conscience, il présente la conscience comme un éclatement continu et fait l'apologie de la transcendance et de l'intentionnalité.
Ce texte s'inclut dans une note rédigée en 1939, d'une longueur relative, mais néanmoins dense. Il offre au début une contextualisation de son plaidoyer en faveur de l'intentionnalité, qui s'impose dès lors comme une opposition ferme et assumée à toutes les théories préalables. Il s'insurge contre la « philosophie digestive de l'empiriocriticisme, du néo-kantisme ». On note le champ