Ça y est, elle était là, au cœur même de la rue Rivoli, l'une des plus prestigieuse rue de la capitale. Sophie, prenant soin de relever une mèche de ses cheveux, s'approcha d'un pas déterminé des premiers magasins. De nombreux passants se bousculaient pour admirer les vitrines et les enfants couraient entre les jambes des plus grands. Elle leva la tête, la rue lui paraissait interminable. Quelque peu déboussolée par l'agitation ambiante, elle entra dans la boutique de la célèbre marque Louboutin. Mais à peine avait t-elle passé le seuil de la porte que deux ombres se dessinèrent au sol.Elle devina alors le regard réprobateur des vendeurs vêtus d'un costume impeccablement repassé et digne d'un grand couturier. "Mademoiselle, je vous prie de quitter le magasin sur le champ. Vous pouvez lire sur notre ardoise située à l'entrée qu'un carton d'invitation est exigé pour les ventes privées".

Au même moment, une imposante dame et son mari dont le manteau de cachemire couvrait à peine le ventre proéminent, n'eurent aucune difficulté à entrer sans la fameuse invitation. Ils se dirigèrent avec un petit sourire narquois vers le rayon des chaussures de luxe, toisant Sophie.

Dépitée, la mine triste, emmitouflée dans son habit de fortune noirci par la saleté accumulée au fil des jours, Sophie recula timidement. Elle resta quelques secondes muette avant de faire demi-tour et de se diriger vers la première bouche de métro. Avant de descendre les escaliers menant à la station Rivoli, elle jeta un dernier regard à la majestueuse vitrine. Elle se revoyait encore, quelques années auparavant, sortant du magasin, les bras chargés de boîtes contenant des escarpins en tout genre.

Les choses avaient bien changé depuis. Ce couple si fier et si hautain qu'elle avait croisé dans le magasin, n'était autre qu'une ancienne connaissance qui lui avait tourné le dos lorsqu'elle avait perdu son poste de directrice commerciale au sein d'une grande entreprise de cosmétiques. Ni son