Valeurs du morpheme Que
Que est le subordonnant par excellence du français : il permet d’enchâsser une sous-phrase (subordonnée) à une autre phrase. Mais il n’est pas toujours subordonnant : ce morphème est apte à exprimer beaucoup de rapports syntaxiques très divers.
L’étymologie latine et les lois de la phonétique rendent compte de l’homonymie de que en français moderne : le latin en effet disposait de nombreux mots en qu-, pronom relatif qui, quae, quod, pronom interrogatif quis, quis, quid, conjonction de subordination quod. La disparition des voyelles et consonnes finales, en vertu des règles de l’évolution de la langue, a fait aboutir cette diversité différenciée à une unique forme que.
Aussi le morphème que peut-il être un mot-outil, signifiant sans signifié (conjonction de subordination) et également un représentant, signifiant renvoyant à un vrai signifié qu’il représente (pronom relatif ou interrogatif). Par ailleurs, il peut apparaître dans des phrases simples sans subordination, auquel cas sa fonction n’est pas de mettre dans un rapport de dépendance deux propositions.
Que peut ne pas être employé seul : il peut être employé dans un système de corrélation (avec des adverbes surtout) ou entrer dans la composition d’une locution conjonctive (après un adverbe ou une préposition).
La diagonale sémantique du linguiste québécois Gustave Guillaume est une heureuse façon de représenter l’extrême diversité des emplois de que, le long d’un axe bipolaire, allant d’un pôle « aucun sens » à un pôle « sens plein » :
I – Usages instrumentaux : que mot-outil
1 – négation à deux éléments
Que, corrélé à ne, sert à stopper le mouvement vers le forclusif qu’installerait l’usage du pas ; il limite la négation à une restriction : elle n’a que trois enfants.
2 – introduisant le complément d’un comparatif
Dans un système corrélatif, que est le second élément qui introduit le complément du comparatif : il est plus jeune que moi. Corrélé