Victor hugo -- veni, vidi, vixi
Pauca Meae, quatrième livre des Contemplations, constitue le centre du recueil. Ce livre est celui avant tout du deuil : il est consacré entièrement à l’événement déchirant de la perte de Léopoldine advenu le 4 septembre 1843. C’est dans Pauca Meae qu’Hugo est confronté de la manière la plus brutale qui soit à l’énigme de la mort, énigme qui structure toute sa réflexion métaphysique. Comme le fait remarquer Ludmilla Charles-Wurtz l’année 1848 est capitale pour Hugo dans le domaine politique : il est élu à l’Assemblée Constituante. En revanche cette année représente une sorte de blanc dans l’écriture, puisqu’il n’écrit alors qu’un seul poème, « Veni, Vidi, Vixi ». Treizième pièce de Pauca Meae, ce poème précède directement le bien connu « Demain dès l’aube ». Hugo y peint un tableau particulièrement sombre : il s’y présente comme mort (vixi signifie en latin : je suis mort) et, après un rapide bilan des années de souffrance passées dans le « bagne terrestre », il termine son examen par un appel à l’abîme. Comment dans ce poème Hugo nous présente-t-il le bilan de sa vie ? Nous verrons tout d’abord comment il fait le bilan de sa vie présente. Ensuite nous verrons comment il fait le bilan de sa vie passée. Enfin nous présenterons « Veni, Vidi, Vixi » comme les trois mots qui pour Hugo résument le bilan de son existence. Dans cette troisième partie il s’agira notamment de voir en quoi notre poème peut apparaître comme une phase violente et sombre d’un deuil, témoin de l’état d’esprit de Victor Hugo au moment de son écriture.
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Voyons tout d’abord quel est le mal profond qui ronge Victor Hugo dans sa vie présente. Quels en sont les causes et quelle réponse est proposée ? Ce mal est présenté d’emblée avec le titre « veni, vidi, vixi ». Il s’agit d’une réécriture du célèbre mot de César « Veni, vidi, vici ». La phrase victorieuse de César devient chez Hugo l’expression d’un renoncement à la vie. Ce