Y a t il de bons préjugés ?
Depuis le siècle des lumières, la condamnation du préjugé est un lieu commun. Qui donc aujourd’hui reconnaît sans honte avoir un préjugé ? L’époque n’est guère, semble t-il, au dogmatisme et l’esprit critique comme le scepticisme ne sont plus considérés comme dangereux et impies. Il ne s’agit plus, au nom du salut de son …afficher plus de contenu…
L’homme du préjugé n’est pas irrationnel, l’adhésion de sa volonté à une idée, par quoi elle est tenue pour vraie repose bien sur une preuve, ou du moins ce qui se donne pour tel. Pour avoir une certitude, il faut bien posséder un critère de la vérité ; mais ici ce critère est extérieur au jugement et indépendant de lui. La vérité dépend moins de ce qui est jugé que du lieu d’où ce jugement émane. Il existe ainsi deux types d’arguments qui sont ici à l’œuvre pour fonder la certitude propre au préjugé …afficher plus de contenu…
Mais ici l’homme du préjugé confond la cause et l’effet. Confusion dangereuse contre laquelle Socrate nous a prévenus lorsqu’il affirmait que ce n’est pas parce que nous nous accordons sur une chose qu’elle est vraie, mais c’est parce qu’elle est vraie que nous pouvons nous accorder dessus. L’accord n’est pas une preuve de la vérité, mais une conséquence. Ainsi, qu’un jugement, une idée fassent l’objet d’un consensus peut signifier seulement qu’elle est utile au plus grand nombre, qu’elle n’a pas été contredite par les faits ou la théorie. En lui-même le consensus ne peut constituer un critère de la vérité, il a seulement valeur d’indice ou de signe. On ne peut s’y fier