Yamen
Les principaux intéressés ont dès lors forcé une « transition » qui a éloigné du pouvoir le président Ali Abdallah Saleh, lequel régnait sur le Yémen depuis 1990 et, auparavant déjà, depuis 1978, sur le Yémen du Nord (avant l’unification des deux Yémen). Mais cette « transition » n’a en aucun cas promu la démocratie en Arabie heureuse ; tout au contraire...
C’est que le point de départ de la crise yéménite n’a en fin de compte que bien peu à voir avec l’ainsi dénommé « Printemps arabe ».
L’origine des troubles, qui ont mené à la petite révolution de palais que vient d’entériner la population par une curieuse élection présidentielle à candidature unique, réside en effet dans la frustration ressentie par un général, Ali Mohsen al-Ahmar, après que son demi-frère, le président Ali Abdallah Saleh, a laissé entendre son intention d’introniser son fils à sa succession. Or, dans les précédents accords de gouvernement, c’est au général Ali Moshen que le pouvoir avait été promis, au terme annoncé de la présidence de Saleh.
La guerre des chefs couvait donc bien avant que ne se déclarât le « Printemps arabe », qui fut seulement le détonateur ou, plus exactement, le contexte attendu par le général Ali Moshen, suivi par une partie des forces armées, pour justifier une action à l’encontre du président Saleh. Et l’occasion se présenta, le 27 janvier 2011, lorsque plusieurs centaines d’étudiants, à la faveur des événements qui secouaient quelques-uns des potentats arabes, commencèrent à manifester leur désir de renvoyer le gouvernement immensément corrompu d’un des plus pauvres pays de la planète.
Sanaa, place Taghrir, février 2012 - © photo Pierre PICCININ La situation dégénéra