A-t-on raison de penser que saint-denys garneau et émile nelligan présentent, dans cage d'oiseau et les corbeaux, une même vision de la fatalité ?
Dans les poèmes Cage d’oiseau de Saint-Denys Garneau et Les Corbeaux d’Émile Nelligan, la fatalité est associée à la mort. Tout d’abord, dans le poème de Saint-Denys Garneau, la mort est la seule issue possible. Dans son poème, la mort est représentée par un oiseau qui est captif à l’intérieur de lui. La mort semble inévitable car il écrit que cet oiseau ne pourra s’en aller « Qu’après avoir tout mangé / Mon cœur / La source du sang / Avec la vie dedans » (v. 20-23). Par cette gradation, l’auteur nous fait comprendre que cet oiseau prisonnier à l’intérieur de lui ne le quittera pas avant de l’avoir tué. Cet oiseau le tue donc petit à petit ; il le décrit d’ailleurs comme « La mort dans ma cage d’os» (v. 14). Ensuite, dans Les Corbeaux d’Émile Nelligan, la mort qui prend encore ici la forme d’oiseau, s’attaque à lui : « Déchirant à larges coups de bec, sans quartier, / Mon âme, une charogne éparse au champ des jours / Que ces vieux corbeaux dévoreront en entier.» (v. 12-14). Avec cette allégorie, l’auteur nous permet de saisir plus facilement l’image de la mort s’attaquant à son âme. Ici aussi, la mort semble être la seule issue possible puisqu’il considère son âme comme un cadavre en décomposition dont les corbeaux se nourrissent. En décrivant son âme comme « une charogne éparse » (v.13) il se décrit comme étant déjà mort à l’intérieur. Il est alors évident que dans ces deux poèmes, la mort est synonyme de fatalité.
Cependant, la fatalité, bien que représentée par des oiseaux pour les deux auteurs, leur provient de façons différentes. Pour Saint-Denys Garneau, la mort est captive en lui : « Je suis une cage d’oiseau / Un cage d’os / Avec un oiseau » (v. 1-3) Nous pouvons nous apercevoir que l’auteur a une bien piètre opinion de lui-même en se décrivant comme une cage d’os dans laquelle un oiseau est prisonnier.