L'allumeur de réverbères
Ils voulaient tout régler, à commencer par les heures…c’était un bon début et le reste suivrait…
Pour protester, on avait choisi de vivre au rythme de l’heure solaire. Paradoxalement, c’était la seule sensée bercer nos jours et nos nuits, notre vie et notre cheminement.
Mais il fallut bien vite un réverbère pour prolonger le mouvement le plus possible, pour lui donner une non-fin. Une longue série de réverbères suivit… et l’on créa ainsi un métier nécessaire dont on aurait pourtant pu se passer : allumeur de réverbères.
Il était chargé d’apporter une lueur qui tromperait l’œil de celui qui chercherait à plonger le village dans l’obscurité. Il y aurait dorénavant un allumeur de réverbères grâce à qui le lumière brillerait même quand la nuit atteindrait ses heures les plus sombres. Quelle terrible responsabilité que de s’efforcer à ce que tout se déroule toujours selon un rite immuable, en portant sur ses épaules le poids de la confiance rassurée, sans jamais se lasser ni se décourager.
Quel geste magique que de pouvoir apporter la lumière, que de mettre au demi-jour un coin du cœur du village qui commence à battre au ralenti quand le soir tombe à pas feutrés. Et dans les autres coins plus discrets, les lucioles enfin sollicitées apportaient mystérieusement la magie de ces parcelles de lumière qu’elles captaient enfin. C’est alors que chaque chose grandissait. C’est à ce moment que toute ombre commençait à prendre cette importance relative qui lui manquait en pleine journée, quand le soleil était au plus fort.
Quand on aime la lumière, on ne peut pas faire de mal…c’est dans le noir qu’on est supposé faire le mal. Pourtant, c’était si beau quand le soir tombe, quand il n’y a presque plus de lumière mais qu’on peut encore percevoir les choses qui nous entourent…et tous les réverbères du ciel qui s’allument à petit feu…Plus un bruit et l’odeur de la terre qui monte…
J’avoue…
A défaut d’allumer les