L'art est-il utile ?
Quels seraient les critères valables pour juger de l’utilité ou non de l’oeuvre d’art ?
L’art ne doit-il être jugé que pour son utilité ? Le peut-il ? Doit-il avoir une utilité, ou doit-il justement ne pas en avoir pour être art ? Ne pourrait-on pas montrer que l’utilité de l’art, ce serait paradoxalement de ne pas en avoir et le soustraire ainsi à cette catégorie qui détermine tant de choses de notre existence, entravant souvent la liberté, pour pouvoir considérer l’art comme un plaisir purement esthétique, sans temps et sans loi ?
Qu’entend-on par utilité : s’interroge- t-on sur l’art comme moyen, ou comme engagement (Sartre, Qu’est-ce que la littérature) ? L’art peut-il seulement être pris comme support de connaissance, de culture, de socialisation (Bourdieu, La Distinction) ?
Selon Kant (Critique de la faculté de juger), l’oeuvre d’art exprime une finalité sans fin. L’utilité de l’art n’est-elle pas de proposer un univers qui ne corresponde pas à la réalité et qui permette un libre jeu des facultés ?
Peut-on dire en même temps "c'est beau" et "ça ne me plaît pas" ?
La reconnaissance de la beauté implique-t-elle un sentiment de plaisir, ou les deux peuvent-ils être indépendants, ou décalés dans le temps ?
Le sujet questionne les relations entre jugement esthétique, goût et plaisir.
Le "en même temps" permet de jouer sur la temporalité de l’expérience esthétique (le plaisir peut ne survenir que par après, l’expérience, pour Heidegger notamment, étant fondée sur l’étonnement). À partir d’une définition du beau fondée sur une idée de plaisir esthétique, il semble impossible de dire les deux jugements en même temps.
Mais le goût légitime-t-il la beauté d’une oeuvre d’art ? Ne peuvent-ils être indépendants ? Ne puis-je considérer comme beau que ce qui me plaît ? N’y a-t-il pas une beauté qui pourrait être fondée sur le monstrueux, sur ce qui peut choquer, et même sur le mauvais goût (voir l’art moderne par exemple) ?