Tous les goûts sont-ils dans la nature?
En matière de beauté et de goût, on répète volontiers que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Le jugement de goût est une affaire personnelle et subjective, « tous les goûts sont dans la nature ». Peut-on affirmer de la sorte une totale relativité des goûts, chacun ayant le sien, c’est-à-dire chacun considérant beau ou laid ce qui lui plaît ou déplaît sans se soucier de devoir annoncer le moindre argument ? Dans ce cas, il deviendrait impossible de désigner de grands chefs d’œuvre, de distinguer le beau du laid.
Toutefois, on reconnait par ailleurs que l’on peut manquer de goût et que le goût s’éduque. Cela présuppose une norme de goût.
L’histoire de l’art est traversée par la présence de canon de beauté. Certes, ces canons ont évolué mais il y a toujours eu un référentiel suivant lequel on a jugé de la beauté. Au XVIIème siècle, les mannequins ou les modèles étaient des femmes bien en chair, signe de bonne santé. A l’époque actuelle, les modèles sont des personnes minces voire maigres. Comme quoi, les goûts évoluent selon les époques.
Fondamentalement, si la beauté est la belle forme qui régale la vue elle n’a aucun rapport avec un jugement rationnel.
La réflexion philosophique sur l’art commence au XVIIIème siècle et elle prend le nom d’esthétique. Elle est liée à l’idée que la beauté est avant tout une affaire de sensibilité. Si la beauté est sensible, peut-on établir en matière de goût et de beauté un jugement à valeur universelle autrement dit une vérité ?
Quand Homère, dans l’Iliade, dit qu’Hélène de Troie était vraiment belle parce que c’était des vieillards qui le disaient. Pourquoi leur jugement, qui est subjectif, est pourtant à caution objective ? D’après Homère, l’expérience est un élément de comparaison. Par conséquent, on peut penser que juger de la qualité d’une œuvre d’art suppose une culture et même les notions d’histoire de l’art. Et ces vieillards n’ont