Le problème de la connaissance touche directement à la condition de l’homme, ce que Pascal appelle sa grandeur qui intègre à la fois ses faiblesses et ses limites, à la fois cette capacité de connaître, sa pensée, propre à sa nature et le distinguant de tout le reste du monde. Ainsi, l’anthropologie pascalienne – car il s’agit d’une compréhension de l’homme dans sa totalité – repose sur le paradoxe de la connaissance au travers de laquelle l’homme se voit tantôt une minuscule partie comprise entre deux infinis tantôt comme le centre du monde connaissable. Pourtant cette vision est bien loin d’être évidente et première chez Pascal ; elle est plutôt le résultat de ses travaux exceptionnels dans la variété de leur domaine de connaissance. Étudier la valeur de la connaissance, c’est donc reprendre la définition de l’homme dans son rapport au monde ; c’est aussi et surtout le saisir dans l’intimité de ses facultés, dans ce qu’il est et, par là, rejoindre l’union profonde entre connaissance et volonté. Pour Pascal, le rapport est étroit entre ce que l’homme connaît et ce qu’il désire, à savoir les différentes finalités qu’il choisit à travers la connaissance qu’il possède sur les êtres. C’est pourquoi, il semble intéressant d’étudier comment Pascal pose une hiérarchie de différentes valeurs quant aux connaissances d’un monde riche en complexité (I) et mettre en de lumière que ce que Pascal appelle le cœur détermine la valeur d’une connaissance comme révélateur du fond de l’homme (II). La distinction fondamentale que pose Pascal à propos de l’ensemble des connaissances est celle des « trois ordres ». Il établit une sorte de hiérarchie par trois ordres dans la connaissance : l’ordre des corps, l’ordre des esprits et l’ordre de la charité. Par sa densité et sa richesse, ce texte[1] peut être lu sous l’aspect de la complémentarité et de l’irréductibilité des ordres. Tout d’abord, chaque ordre a sa particularité : le premier a pour