Dissertation pensée de pascal
Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour se rendre heureux, de n’y point penser (Divertissement 2 - Laf. 133, Sel. 166). Le divertissement est lié à plusieurs concepts pascaliens : la misère, car c’est pour l’oublier qu’on se divertit ; la vanité, parce qu’il n’y a pas pire preuve de vanité que ce remède aux maux humains ; le souverain bien, car c’est l’ignorance de son vrai bien qui pousse l’homme à la poursuite de biens illusoires. Enfin il est lié à l’Apologie même, puisque c’est l’obstacle majeur que Pascal doit vaincre pour amener son lecteur à la recherche. Rien de surprenant à ce qu’il apparaisse en plusieurs endroits du plan de l’Apologie.
Le divertissement a une double origine. Il rappelle la diversion de Montaigne, qui consiste à savoir détourner la pensée des maux dont l’on souffre pour mieux les supporter ; mais il s’inspire aussi de l’idée augustinienne que l’homme est capable d’écarter sa pensée de sa fin dernière et de Dieu. Pascal y ajoute sa propre marque par la manière dont le développement dialectique en révèle progressivement la signification cachée.
Le divertissement est d’abord considéré du point de vue du moraliste. Pascal part d’un constat de disproportion : dans le foisonnement des activités humaines, chasse, guerre, affaires, il n’y a pas de commune mesure entre l’objet poursuivi et l’ardeur qu’on met à le poursuivre, malgré les maux et les déceptions inévitables. Le philosophe voit là une marque de vanité : Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Mais cette première étape, qui correspond à peu près au jugement d’un stoïcien, est superficielle et insuffisante : elle est moralisante au mauvais sens du terme, car elle s’arrête aux