L’espace romanesque est un constituant primordial de toute œuvre littéraire. En effet, il est intimement lié au fonctionnement de l’œuvre comme le sont l’action, le temps et les personnages. Il est difficile d’imaginer un récit sans indication spatiale. Pour souligner ce rôle incontestable de l’espace dans la création romanesque, Henri Mitterand dans Le Discours du roman, précise que l’espace « est le lieu qui fonde le récit, parce que l’événement a besoin d’un ubi autant que d’un quid ou d’un quando ». Dans un ouvrage intitulé l’Univers du roman, Roland Bourneuf et Réal Ouellet accordent une place importante à l’espace et considèrent que, parfois, lui seul capable de révéler le sens de l’œuvre. Ils soulignent, également, l’importance de ce constituant dans l’analyse romanesque : « loin d’être indifférent, l’espace dans un roman s’exprime dans des formes et revêt des sens multiples jusqu’à constituer parfois la raison d’être de l’œuvre ». En effet, l’espace est lié au personnage. On ne peut pas imaginer un personnage hors de l’espace. Il reflète son état d’âme car il ya une certaine correspondance entre les paysages décrits et la vie intérieure des personnages. Il ne reflète pas seulement l’état d’âme des personnages mais également les intentions de l’auteur « l’espace est organisé avec la même rigueur que les autres éléments, il agit sur eux, en renforce l’effet et, en fin de compte, exprime les intentions de l’auteur ». Alors, l’espace est un élément fondamental de la création romanesque qui mérite d’être étudié comme le temps, l’action et le personnage. Henri Mittérand dans son ouvrage L’illusion réaliste précise et maintient que l’espace romanesque est « un domaine peu ou assez mal exploré par l’histoire littéraire, par la narratologie et par la sémiotique aussi, qui ont privilégié, ces dernières années, les travaux sur les personnages, sur la logique narrative, sur le temps, ou sur l’énonciation ». L’auteur également soulève cette