L'europe et ses frontieres
« Dans tout atlas, l’Europe est clairement identifi ée comme le plus petit des continents, situé au coeur des terres émergées de notre planète bleue. Au sens commun, elle commence aux rives de l’Atlantique et s’achève en Méditerranée. Mais jusqu’où ? Partant de Brest vers l’Est, nous voilà aux rives de la mer du Japon, au bout de l’Asie, sans avoir rencontré ni mer ni océan jusqu’à cette annexe du Pacifi que.
La solution pour ces terres qui tiennent si bien ensemble consiste à individualiser un bloc de l’Eurasie dont l’Europe n’est qu’un cap avancé vers l’Ouest. Mais le problème reste entier: où débute ce cap ?
Où commence l’Asie ? Inspirées des partitions antiques [ ... ], les cartographies médiévales placent la limite de l’Europe sur le Tanaïs, l’actuel Don de nos atlas. L’Oural est une délimitation récente. Elle est le résultat d’une commande politique. Pierre Ier le Grand, tsar de toutes les Russies, séduit par son voyage de découverte vers les nations de l’Occident en 1697, entend ancrer son Etat dans l’Europe. Moscou perd son rôle et, sur les rives de la Neva au fond du golfe de Finlande, Pierre Ier édifi e à partir de 1703 sa nouvelle capitale, Saint-Pétersbourg. Géographe offi ciel de sa majesté, Tatichtchev propose alors l’Oural comme nouvelle limite de l’Europe. Au-delà s’ouvre l’Asie, désert des Tartares mais déjà terre d’aventuriers russes dont l’État ne se préoccupera vraiment qu’au cours du XIXe siècle.