L'execution Yue minjun
Dans cet hommage au Tres de Mayo de Goya, on trouve une fois de plus le décor de la Cité interdite où quatre condamnés et quatre bourreaux partagent le même visage et le même fou rire. Cette oeuvre est un record spectaculaire de la Chine nouvelle qui a coïncidé avec le boom de l'art asiatique.
The Execution, 1995, huile sur toile, 150 x 300 cm
Collection privée.
Lorsque le tableau a été vendu en 1995 à un collectionneur anonyme, par une galerie de Hongkong, une des conditions de la vente imposait de ne pas montrer l'oeuvre en public, sous peine de mettre l’artiste en danger. Yue Minjun avait tenu à prendre ses distances quand à la thématique de cette oeuvre. « Je ne veux pas que le public pense à un lieu ou à un événement », avait-t-il dit à CNN avant de nier que le mur rouge dans le fond de sa peinture soit celui de la Cité interdite, sur la place Tiananmen.
L'Execution de Yue Minjun s’inscrit directement dans une page de l’histoire de l’art, en continuité d’oeuvres de protestation politique et de forte émotion collective exprimées par de grands artistes.
On reconnaîtra un tableau d'Edouard Manet, l'Exécution de Maximilien, peint en 1867 en référence à l’exécution de Maximilien de Habsbourg par un peloton d’exécution républicain à Mexico. Manet s’était lui-même explicitement inspiré du tableau de Goya mettant en scène des soldats français exécutant des Madrilènes en 1808. en représailles contre la mort d’hommes de Napoléon dans des émeutes.