L'histoire a t-elle un sens ?
a. Le mot «histoire» a deux significations différentes
En un sens que l'on peut qualifier d'«objectif», l'histoire correspond à la suite des événements, provoqués par l’homme, qui ne se répètent pas. Il suffit en ce sens de réunir les témoignages de ceux qui ont assisté aux événements pour constituer une histoire objective, et pour répondre à la question : «Que s’est-il passé ?». Mais l'histoire renvoie également à l'étude de ces mêmes événements : le mot a ici un sens «subjectif», parce qu'il dépend du travail de l’historien en tant qu’individu. Pour que se constitue une véritable histoire, nous devons interpréter les faits ; ceux-ci ont en effet un sens, que l’historien s’efforce de restituer.
b. Le mot «sens» a lui aussi deux acceptions
Le «sens» est synonyme de direction ou de but («dans quel sens te diriges-tu ?»), de sorte que nous devons nous demander si l'histoire est orientée dans une direction précise, vers une fin ou un but déterminés. Cela revient à envisager la possibilité d'une téléologie de l'histoire, c'est-à-dire d'une étude (logos) de la fin (télos) de l'histoire. Mais le «sens» est également synonyme de
«signification» («quel est le sens de ce mot ?») ; il s'agirait alors de se demander si l'histoire n'est qu'une suite absurde d’événements inexplicables, ou si elle a une signification qu'il nous serait possible d’établir, grâce au travail propre de l'historien. C’est pourquoi il faut nous demander d’abord si l'histoire a, ou non, une orientation et une fin -et ensuite si elle peut avoir une signification objective. Et si l'histoire n'a pas en elle-même un sens objectif, pouvons-nous, par l'étude que nous en faisons, lui en donner un ?
2. L'histoire a une fin et un sens : elle est synonyme de progrès
a. Les progrès perpétuels de l'humanité au cours de l'histoire
Lorsque nous nous interrogeons sur le cours de l'histoire humaine, on constate qu'elle manifeste un
progrès