Enfin la paix. Jour noir et âme de corbeau. Tristes plumes de mon âme, qui tente de s’échapper de ce corps pour gagner l’éther. Le bleu-noir du ramage qui me recouvre reflète les couleurs du soleil couchant et c’est dans mes yeux que se reflètes la misère du monde. Je ne suis qu’un corbeau parmi les corbeaux, un charognard parmi les charognards qui ne pense pas, qui mange. Non, le terme n’est pas juste, je ne mange pas, je bouffe, me bâfre, me goinfre de cette chair malsaine faisandée, m’emplis de ses relents de mort et de maladie. C’est ma nature, je ne peux rien y faire et de quelques façon, pourquoi le ferais-je alors que c’est une vie facile ou je n’ai pas à chasser ma proie, que la nourriture me tombe du ciel dans le bec ? Un léger vent se lève. Il ébouriffe mon duvet, gonfle mes ailes. C’est l’heure, je le sens au plus profond de mon âme. Il faut que je bouge, vole, me nettoie de ses souillures obscures. Je peux presque sentir les vers qui se tortillent dans l’animal mort. Une tache noire. C’est du sang séché sur le bout de mon bec. Dans un tourbillon de poussière je déploie mes ailes, sens le vent s’engouffrer et me porter, peut-être vers un autre cadavre ou vers quelque autre lieu. En un instant je suis dans les nuages et je suis mouillé. Je ne voie plus très bien, il fait un peu sombre maintenant, mais ça fait bien longtemps que je ne m’étais pas sentit aussi bien. Pour une fois, je suis en paix. PAN ! J’ai l’aile gauche arrachée et je chute. Un aboiement de chient et plus rien. Cette fois, j’ai vraiment la