L'éloge
« Madame se meurt ! Madame est morte »
Bossuet.
Que dire de l’éloge sinon qu’il s’agit d’un exercice parfaitement académique en apparence, et qui, depuis des siècles, perdure puisqu’il s’acharne à rendre hommage, en prose, ou en phrases plus ou moins « prosées », ou cadencées, aux puissants de ce monde, le plus souvent, de quelque milieu que ce soit…
Qu’est-ce que la poésie a à voir avec cela ? Rien, a priori.
Et pourtant !...
Définissons d’abord les termes au cœur de notre tentative de réflexion : il en est plusieurs, qui, d’éloge en général, atteignent l’éloge en particulier, qui, d’insuffisante définition, en viennent à travestir toute définition.
Envisageons d’abord la définition générale, celle qui dit que l’éloge est, selon le Grand
Larousse de la Langue Française1, dans une première acception, « un discours écrit ou 1 Grand Larousse de la langue française en six volumes, éd Larousse, Paris, 1972. prononcé pour porter à l’admiration du public, les mérites de quelqu’un ou de quelque chose. ». Plus spécialement, selon ce dictionnaire, l’éloge est un « discours prononcé au cours de la cérémonie des funérailles, et louant les vertus du défunt » (l’éloge funèbre) ou
« biographie élogieuse que le secrétaire perpétuel d’une académie ou un membre récipiendaire fait d’un académicien décédé » (éloge académique). Plus banalement, dit-on, le terme désigne surtout, aujourd’hui, une « vive marque d’estime », une « louange décernée à quelqu’un ».
L’évolution contemporaine du mot souligne la mise à l’écart de la mort au bénéfice du vivant. Et plus encore si l’on considère l’étymologie du mot :
« Éloge est un emprunt assez tardif au latin classique « elogium » : « épitaphe »
« courte formule », « clause d’un testament », lui-même emprunté au grec « elegeion »
(« distique élégiaque