L'équilibre macro-économique
a) L’empire ottoman
L'objectif de cette partie est de montrer les relations de la communauté maronite avec leurs maîtres féodaux druzes et chiites et de s’interroger sur les sous-entendus idéologiques et sectaires de l’imaginaire historique du Liban.
Le Liban est une région qui n’eut aucune définition territoriale précise avant le xixe siècle. Ce sont les historiens locaux, hagiographes des grandes familles de la région, qui ont d’abord proposé l’intégrité territoriale des montagnes côtières sous le « régime » d’émirs druzes, notamment dans l’ouvrage de T. Shidyaq (m. 1859), Akhbar al-Aʿyan fi Jabal Lubnan (Histoire des notables du Mont Liban), qui sert encore aujourd’hui comme première référence pour l’histoire du Liban à l’époque ottomane. La coopération entamée entre les émirs druzes et la communauté maronite à partir du xviie siècle serait ainsi l’expression d’une volonté politique commune à toutes les minorités confessionnelles vis-à-vis de l’ingérence des Ottomans musulmans, et donc la base même du système politique moderne.
Pendant toute la période ottomane, le Liban est une partie de la province syrienne de l’Empire ottoman. Sur le plan administratif, le découpage de la province syrienne est le suivant : chaque province (vilayet) est partagée en districts (sandjak). La Syrie, le Liban et la Palestine actuels sont ainsi partagés en trois vilayet : celui de Damas (constitué de Sidon, Beyrouth, Jérusalem, Gaza et Palmyre), celui d’Alep (constitué du nord syrien) et celui de Tripoli (constitué de Hama et de Homs). Ce découpage est maintenu jusqu’en 1861. Sur le plan de la politique intérieure, à l’issue de la conquête ottomane, le Mont-Liban (partie centrale de la chaîne de montagnes qui surplombe la côte) est gouverné par les émirs Maan, druzes installés depuis le XIème siècle dans le Chouf, dont le chef, Fakhreddine, fait allégeance aux Ottomans. Par cet acte, Fakhreddine 1er devient l’émir druze le